Châtelaudren, « Petite cité de Caractère », située dans les Côtes d’Armor en Bretagne, a émergé près des fortifications d’un château aujourd’hui disparu. Protégée par l’eau, cette ville castrale a prospéré grâce à son passé de ville marchande, ce qui se reflète dans son riche patrimoine architectural. Pour plonger dans l’histoire et l’architecture de la commune, l’office de tourisme propose un « circuit d’interprétation du Patrimoine de Châtelaudren », qui offre une promenade d’environ 1h30 (2,5 km).
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Le Petit Écho de la Mode
Situé sur le site de l’ancien château, le Petit Écho de la Mode est aujourd’hui le pôle culturel et touristique de « Leff Armor Communauté ». Réhabilitée entre 2010 et 2015, cette ancienne friche industrielle abrite désormais l’Office de tourisme, le service culturel, un centre de ressources, des activités artistiques, une école de voile, une salle de spectacle et une salle d’exposition. Ancienne imprimerie chargée d’histoire, elle fut le lieu d’impression du magazine du Petit Echo de la Mode. Pendant des décennies, plusieurs générations y ont travaillé, parfois jusqu’à quatre générations simultanément, employant jusqu’à 250 personnes à son apogée.

La place et les escaliers du Château
Construit vers 1035-1040 par Audren, un seigneur breton, le château a donné son nom à la ville et a joué un rôle important au Moyen Âge. Après les conflits liés à la guerre de succession de Bretagne, le château est abandonné en 1420 et n’est plus qu’une ruine en 1487. Aujourd’hui, les escaliers et quelques pans de mur sont les seuls vestiges de la citadelle, disparue en 1808. A la place du château, une esplanade appelée « L’esplanade du Château » surplombant l’étang du Minihy a été aménagée en promenade offrant une vue pittoresque sur la Châtelaudren.




L’étang du Minihy
L’étang du Minihy est un site historique et naturel charmant. Créé au XIIe siècle par la déviation de la rivière Leff et la construction d’une digue pour protéger le château, cet étang artificiel s’étend sur une superficie de 4,6 hectares et atteint une profondeur de 2 à 3 mètres. Au fil des siècles, il a été essentiel pour l’économie locale en alimentant les moulins, les lavoirs et les turbines, dont celles de l’imprimerie du « Petit Écho de la Mode ». Aujourd’hui, c’est un lieu de détente apprécié avec des promenades aménagées, des aires de pique-nique et une école de voile.


La cascade
La cascade de Châtelaudren est la plus haute cascade semi-naturelle de Bretagne, mesurant 9,85 mètres de hauteur. Alimentée par l’étang du Minihy, créé au XIIe siècle par la déviation de la rivière Leff, cette cascade a eu un rôle crucial dans le développement industriel de la région. Elle a été utilisée pour fournir de l’énergie aux moulins, à une papeterie, ainsi qu’à l’imprimerie du célèbre magazine « Le Petit Echo de la Mode ». En 1922, deux turbines hydroélectriques ont été installées pour faire fonctionner les machines de l’imprimerie.

Le quartier Latin
Le quartier latin, autrefois appelé « place du bouillon » en raison de son ambiance bouillonnante, conserve l’organisation architecturale historique de la ville avec ses rues étroites, ses places pittoresques et ses maisons aux toits pentus rappelant l’époque médiévale. Ce quartier animé abritait autrefois une multitude de commerces et d’artisans, chaisiers, merciers, tailleurs, bourreliers, tisserands, tanneurs, filandières et chapeliers. On peut y admirer des bâtiments remarquables datant des XVIIe et XVIIIe siècles, tels que ceux situés aux N°1, 2 et 5 de la place. Au 1 rue St Magloire, une maison remarquable offre une architecture du 18e siècle préservée.





Le Leff
Le Leff est une rivière qui traverse Châtelaudren. Historiquement, elle a joué un rôle important dans le développement de la région. Après le déluge de 1773, le lit de la rivière a été élargi, et le “Pont Neuf” a été construit en 1790. La rivière a également alimenté l’étang du Minihy, qui a été utilisé pour diverses activités industrielles, notamment pour l’imprimerie du « Petit Écho de la Mode ».

La reinette du Chaté et la fontaine Saint Vincent Ferrier
La reinette du Châté est une variété de pomme originaire de Châtelaudren. Son histoire est associée à Saint Vincent Ferrier qui évangélisa Vannes, Léon, Tréguier, et Guingamp, mais fut mal accueilli à Chatelaudren. Les enfants se moquèrent de lui et un maréchal refusa de ferrer son âne. Suite à ces moqueries, le Duc de Bretagne fit raser le château et les descendants des moqueurs pleurèrent lorsque l’étang inonda les rues jusqu’aux pieds de la statue de la Vierge.
En souvenir de son passage, Saint-Vincent Ferrier baptisa un pommier dont les fruits portaient une croix au niveau des pépins. Disparue des vergers de la région, la reinette du Chaté a été réintroduite en 2017, où elle est désormais cultivée par quelques passionnés qui souhaitent préserver cette tradition locale.

La fontaine Saint-Vincent Ferrier rend hommage à ce prédicateur dominicain ayant traversé Châtelaudren en 1418. Selon la tradition, les habitants l’auraient insulté, entraînant ainsi la construction d’une chapelle et de la fontaine en son honneur. À l’emplacement de l’ancienne chapelle disparue en 1895, la fontaine demeure.

Les lavoirs
Le lavoir était un lieu de rassemblement pour les femmes au 18e siècle, construit pour des raisons d’hygiène face aux épidémies. Châtelaudren comptait une dizaine de lavoirs le long de l’étang et du Leff, certains encore visibles aujourd’hui. Avant l’eau courante, la lessive se faisait en plein air, près de la rivière ou de l’étang, sur une pierre inclinée ou une simple planche. Les lavoirs étaient principalement utilisés pour le rinçage du linge, nécessitant beaucoup d’eau.

Les Halles
Au Moyen Âge, les halles étaient appelées « cohue » et servaient de lieu d’échange commercial à Châtelaudren dès 1148. Elles étaient la propriété du seigneur qui percevait des droits de « cohuage et d’estalage » et remplissaient également les fonctions de tribunal, d’auditoire, de prison et de salle de réunion. En 1631, de nouvelles halles furent construites pour abriter les marchandises et héberger les bagnards en partance pour Brest. Elles furent détruites en 1938, puis reconstruites place Saint-Vincent et transformées en salle des fêtes, conservant ainsi l’empreinte de leurs activités marchandes.

La rue Berthou
Jusqu’en 1850, avant l’ouverture de la route nationale 12, la rue Berthou était la principale voie d’accès à Châtelaudren en provenance de Paris. La traversée de la ville, avec ses rues étroites et pittoresques, mal pavées, était souvent dangereuse, encombrée d’enfants et d’animaux de basse-cour, et donc redoutée par les conducteurs de diligences et les voituriers. Aux N°6 et n° 7 se trouvent des maisons de 1721, au N° 13 un beau couvrement de porte en anse de panier er au N° 24 une maison à l’architecture XVIIIe intacte.

La rue Corlay
Cette rue porte le nom de Yves Corlay, un architecte et sculpteur de renom, a légué à la région de nombreuses sculptures en bois, des retables et des autels, ainsi que la restauration de la célèbre fontaine de Guingamp, la « Plomée ». Il est également l’auteur du retable et du maître-autel de l’église Saint-Magloire de Châtelaudren, datant de 1730. Au 6 rue Corlay se trouve une maison datant de 1734.

L’église Saint-Magloire
Située sur la place de la République, l’église Saint-Magloire de Châtelaudren, construite entre 1711 et 1732, remplace une église plus ancienne du XIIe siècle. De style néo-roman, elle comprend une nef, des bas-côtés à trois travées, un double transept, un clocher encastré et un chœur. Les vitraux ont été réalisés par le maître vitrier Callac, et à l’intérieur on trouve plusieurs retables et des statues de saints tels que Saint Michel, Saint Pierre, et Sainte Thérèse. Le maître autel et son retable, en forme de triptyque, sont particulièrement remarquables.

L’Hôtel Soubise
L’Hôtel Soubise, construit au XVIIIe siècle, porte le nom de la famille Rohan-Soubise qui possédait les terres de Châtelaudren au XVIIe siècle. Le prince de Rohan-Soubise était le seigneur de cet hôtel, et son architecture reflète l’influence de cette famille noble. Il se distingue par son architecture classique, ses façades symétriques, ses corniches décoratives et ses encadrements de baies soignés. Il est probable que l’architecte était parisien et travaillait pour la famille Rohan-Soubise.

Place de la République
Après le déluge de 1773, la place de la République a été réaménagée pour devenir un important espace commercial. Elle est entourée de nombreuses demeures aux façades remarquables datant des XVIIIe et XIXe siècles, avec des bâtiments présentant des lucarnes et des éléments architecturaux de grande qualité, souvent en pierres de taille. La place est réputée pour ses commerces variés, comprenant des boucheries, des fleuristes, des restaurants…

La place des Sapeurs pompiers
La Place des Sapeurs-Pompiers est un lieu chargé d’histoire et de mémoire, renommée en hommage aux sept sapeurs-pompiers qui ont perdu la vie lors de l’incendie de l’imprimerie du « Petit Écho de la Mode » le 7 juin 1939. Cet incendie, provoqué par l’explosion de bonbonnes d’acide azotique, a entraîné la mort des pompiers et du directeur de l’imprimerie.
La place est également marquée par un autre événement tragique survenu dans la nuit du 4 au 5 août 1944, lorsque les Allemands ont mitraillé les civils et les pompiers qui tentaient de maîtriser un incendie déclenché par une grenade incendiaire. En hommage aux victimes, une plaque commémorative a été érigée sur la place, rappelant les sacrifices des pompiers et des civils durant ces périodes difficiles. Des Maisons aux façades remarquables du XVII-XVIIIe siècle se trouvent sur la place, rue pasteur et rue Aribart.




La chapelle Notre-Dame-du-Tertre
La chapelle Notre-Dame-du-Tertre, construite au début du XIVe siècle, a été remaniée à plusieurs reprises, notamment à la fin du XVe siècle. Célèbre pour ses lambris peints réalisés entre 1450 et 1480, elle abrite des représentations des scènes de l’Ancien et du Nouveau Testament, ainsi que des légendes de saints. Ces peintures, composées de 138 tableaux, sont considérées comme l’une des plus grandes œuvres laissées par le XVe siècle en Bretagne.

Le déluge de Châtelaudren
La nuit du 18 au 19 août 1773 a été marquée par un événement tragique, connu sous le nom du déluge de Châtelaudren. Des pluies torrentielles ont provoqué la rupture de la digue de l’étang, entraînant une inondation massive de la ville. Les eaux de la rivière Leff ont submergé la ville, détruisant plus d’une vingtaine de maisons et causant la mort de plus de 70 personnes. La montée des eaux a atteint jusqu’à trois mètres au-dessus des toits des halles.
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